Le territoire de la République de Guinée a abrité plusieurs Empires médiévaux, Royaumes et Etats précoloniaux. De par sa subdivision naturelle, les histoires ont été d’abord particulières d’une région à une autre ; ensuite commune, à partir de la colonisation française jusqu’à l’indépendance du pays.
Les côtes de la Guinée seraient peuplées aux environs du VIème et le VIIème siècle, par les les Bagas, les Nalous et les Landoumas. À partir du XIème siècle, par les Mandenyis, les Mikhiforès et les Djallonkés. Ces derniers migrèrent massivement au XVIIIème siècle, suite à la bataille de Talansan entre Peulhs musulmans et Djallonkés de croyance traditionnelle, à l’issue de laquelle l’Etat théocratique du Foutah fut fondé en 1726, dans l’autrefois Djallonkadougou. Cette migration des Djallonkés vers les côtes, occasionna la création d’une Fédération des peuples de la région côtière. De traditions et de croyances qui s’assimilent, ils se fédérèrent autour de la communauté linguistique Soussou. Ils fondèrent les royaumes tels que : Benna, Kolissokho, Soumbouya, Kanya, Taboussou, Sogoboli, Dobirika, Île de Tombo. Les Chefs les plus célèbres furent entre autres : Soumba Toumany, Manga Kindi Camara, Dinah Salifou Camara, Balley Damba, Waliou de Gomba. Tandis que le Royaume de Moriah a été fondé par Fodé Katibi Touré venu s’installé auprès du fleuve Falémé après la dislocation de l’Empire Wassolon. Cette région a été la première à être en contact avec les Européens et fut l’un des plus grands centres de négoce africain d’esclaves durant la traite négrière. Aujourd’hui, les localités de Farinyah, Dominyah, Samapauliah, le fortin Boké, l’Île de Fotoba, le port négrier de Beinty, gardent encore les vestiges de ces époques. Et naturellement elle a constitué aussi la porte d’entrée de la colonisation française.
La Moyenne Guinée ou Foutah Djallon a été majoritairement habitée par les Djallonkés, à partir du XIème siècle, après la dislocation des Empires du Ghana en 1077, Sosso en 1235 et Manding en 1460 ; ensuite les Sarakolés à partir du déclin de l’Empire Songhaï le 12 avril 1591. Les vagues de migrations continuèrent à partir du XVIème siècle. D’abord, les Peuls Poullis, de croyance traditionnelle par petits groupes, sous les auspices du Chef guerrier Koli Ténguéla qui fonda l’Etat Dénianké dans le Djallonkadougou, qui sera disloqué en 1776. Vinrent ensuite les Peulhs musulmans vers la fin du XVIIème siècle. En 1726, à l’issue de la bataille de Talansan, les Peulhs musulmans remportent la victoire face aux autochtones de croyance traditionnelle. La majorité des vaincus s’exilèrent. Une partie s’installa à Faranah sur la rive ouest du fleuve Niger en formant deux petits royaumes : Le Solima et le Fria. L’autre grande partie s’établit sur les côtes. Les Peulhs musulmans fondèrent le Royaume théocratique du Foutah Djallon, à partir de 1735, sous l’égide de Karamoko Alpha Ibrahima Sambégou Barry qui en devint le premier Almamy ou Roi. L’Etat théocratique du Foutah était composé de neuf provinces ou (Diwé) et dont les capitales étaient : Timbo capitale politique, (où résidait l’Almamy), Timbi et Fougoumba, capitales religieuses (où l’Almamy était couronné et intronisé) et Porédaka, capitale juridique (où les sentences étaient prononcées). Almamy Bokar Biro Barry, dernier Almamy, mourut à Botorè, le 18 novembre 1896 à l’issue de la bataille de Porédaka qu’il perdit face aux troupes des colons français. Au même moment, un réformateur toucouleur originaire du Foutah Toro El Hadj Oumar Tall, fonda un royaume musulman à Dinguiraye en 1850, Où il développera la foi islamique.
La Haute Guinée est la souche même de l’Empire médiéval Mandé, fondé à partir de 1235 par Soundjata Keita. Niani, la capitale demeure aujourd’hui un petit village dans la préfecture de Mandiana. La Haute Guinée se repose aussi sur les ruines de l’Empire Sosso de Soumaoro Kanté et de l’Empire du Ghana, qui était en juxtaposition de deux zones sahariennes, notamment, la zone Magrébine et celle soudanaise. L’Empire du Mali ou l’Empire Manding connu son déclin aux environs du XVème siècle. Cette dislocation dispersa les descendants princes pour d’autres contrées. Ce sont :
- Les descendants de Mansa Kourou et le griot Kouyaté Dokala vers Niagassola (Siguiri) ;
- Les descendants de Mandén Bori dans le Hamana (Kouroussa) ;
- Les descendants de Niamaghan se retrouvent à Djoma Nougou et Djoma Wagaran (Siguiri) ;
- Les descendants de Dankaran Touman à Kissidougou. Où, ils formèrent chacun des petits royaumes.
- Les Condés sont venus s’installés dans le Batè (Kankan) rejoint plu tard par les les marabouts venant de Dianfounou et les commerçants Soninkés, qui fera de Kankan un grand centre islamique et de négoce.
Quant au balafon de Soumaoro Kanté ou Sossobala légué au griot Nyankoumadoua (Balla Fassakè Kouyaté), l’ancêtre des griots Kouyaté repose à Niagassola, dans la préfecture de Siguiri, dans la famille Dokala. La Haute Guinée a abrité aussi l’Empire du Wassoulou, sous la houlette de l’Almamy Samory Touré, qui fit l’un des plus grands résistants à la pénétration coloniale française. Bissandougou la capitale de l’Empire demeure de nos jours une sous-préfecture de la préfecture de Kankan.
Le Sud de la Guinée ou la Forêt guinéenne semble moins touché par cette vague de migration ; toutefois les Kissiens, en provenance du nord se sont installés d’abord à Kobikoro dans la préfecture de Faranah, avant de s’installer dans leur résidence actuelle où, ils auraient bousculé les Lomas qui sont les premiers occupants. Les Kpèlè, Manö et Könö et autres seraient partis de Moussadou dans la préfecture de Beyla sous la poussée des Maninkas. Ils s’investiront dans les différentes contrées de cette zone. Ils avaient pour point commun la croyance dans la spiritualité traditionnelle et la forêt sacrée. Les plus connus de ces Chefs traditionnels sont : Kissi Kaba Keïta, Koko Tolno et Zégbèla Tokba Pivi. Ils résistèrent aussi farouchement à la pénétration coloniale française. Dans cette résistance, le plus célèbre fut Zégbéla Tokpa Pivi, qui, par finir sera capturé dans le petit village de Gbaïpkala et mourut naturellement en 1908.
De la Colonisation à l’Indépendance
Conscient de la résistance, l’envahisseur français, employait alternativement la force militaire et la stratégie diplomatique pour affaiblir ou détruire les royaumes. Ainsi, en 1891, la Guinée est proclamée colonie française indépendante du Sénégal. Cependant, cette conquête ne s’opère pas sans résistance. L’Almamy Samory TOURE, relayé par les royaumes de la forêt notamment Zéglélé Togba Pivi, en Haute Guinée et en Guinée Forestière, Almamy Bocar Biro Barry, Alpha Yaya Diallo, en Moyenne Guinée et Dinah Salifou Camara et Waliou de Gomba en Basse Guinée ; mènent des guerres organisées dans toutes les contrées du pays. Mais face à la force militaire et la diplomatie Française, la Guinée sera annexée en 1904, puis intègre l’Afrique Occidentale Française (AOF), sous l’autorité d’un Gouverneur Général qui impose le système d’administration coloniale à l’image des autres colonies. Elle est divisée en vingt-neuf (29) cercles, dirigés par les commandants de cercles. Les Chefs traditionnels sont devenus des instruments efficaces pour le maintien de la cause des colons qui s’oriente vers la satisfaction des besoins des colonisateurs. Cependant, une conscience politique anticoloniale se développe petit à petit chez les intellectuels Africains qui à aboutit à la création du Rassemblement, Démocratique Africain (R D A), dont le congrès s’est tenu les 19, 20, 21, octobre 1946 à Bamako. Felix Houphouët Boigny syndicaliste de l’agriculture de la Côte d’ivoire fut le Président. Ce Rassemblement, Démocratique Africain (R D A), était une Fédération des partis politiques et des mouvements syndicaux qui visait l’émancipation de l’Afrique francophone du joug colonial, tout en conservant des liens avec la France. Sékou TOURE, à la tête de l’Union Générale des Travailleurs d’Afrique Noire (UGTAN), appuyé par les Dockers du port de Conakry, plus grand employeur d’alors, mène des actions pour d’avantage avoir de représentants dans le Gouvernement local favorisé par la Constitution plus libérale, vis-à-vis des colonies qui permettait aussi la création de partis politiques. Deux grands partis politiques seront créés en Guinée notamment le Bloc Africain de Guinée (BAG), créé par Barry Diawadou et le Parti Démocratique de Guinée (PDG) créé le 14 mai 1947, Madeira Keita en est le premier Secrétaire Général. Sous la houlette de Sékou Toure, il sera une section du RDA. Le 25 août 1958, Sékou Touré dans son discours historique devant le Général de Gaulle, rejeta la proposition de la communauté en ces terme, citation : « …Nous préférons la pauvreté dans la liberté à l’opulence dans l’esclavage… » Fin de citation. Au référendum du 28 septembre 1958, la Guinée est le seul pays Francophone a voté NON à l’intégration dans la communauté française. Le 02 octobre 1958, l’indépendance de la République de Guinée fut alors proclamée et Ahmed Sékou Touré devient le premier Président. Après sa mort le 26 mars 1984 à Cleveland aux USA, le Général Lansana Conté, sous la bannière du Comité Militaire de Redressement National (CMRN) s’empare du pouvoir le 03 avril 1984 et devient Chef de l’Etat, il établit le multipartisme. Le 22 décembre 2008, il décède et le Capitaine Moussa Dadis Camara, à la tête du Conseil National pour la Démocratie et Développement (CNDD) prend le pouvoir. Le Général Sékouba Konaté le remplace pendant sa convalescence au Burkina Faso et préside la Transition. Le Professeur Alpha CONDE devint Président de la République à l’issue de l’élection présidentielle. Il est renversé le 05 Septembre 2021, par le Comité National du Rassemblement et du Développement (CNRD), sous la houlette du Colonel Mamadi DOUMBOUYA. Il devient Chef de l’Etat et Président de la Transition.